Extraits
Mes Livres
Découvrez des extraits de mes livres et achetez-les facilement.
Quelques fragments, quelques images. Pour entrer doucement dans les Mondes Enfouis.
Écho des mondes enfouis
JOURNAL D’UN VOYAGE INTÉRIEUR
Puis tout se suspend. Le silence descend doucement, comme un voile. La foule s’efface, ou peut-être que c’est moi qui glisse ailleurs. Une porte s’ouvre sans bruit, comme si elle m’attendait.
Je franchis un seuil. Le silence me cueille. Me voici dans un palais immense. Mon palais. Fait de colonnes élancées, gravées de signes anciens, il évoque les temples sacrés de l’Égypte antique. Au centre, un bassin limpide reflète la lumière d’or diffuse, comme un cœur calme au milieu de l’immensité. L’espace est vaste, harmonieux, marqué par la mémoire d’un monde révolu, mais intact dans cette vision. Tout y est somptueux, mais figé. Comme si le temps s’était arrêté. Il y a ici une beauté glacée, une solitude sacrée. Je suis chez moi… mais seul.
Et puis, une présence. Elle n’est pas là, mais je la ressens. Une femme. Son absence est si dense qu’elle devient palpable. Et pourtant… je l’aperçois, ou peut-être le souvenir de son âme, assise sur un immense fauteuil de pierre, drapé d’ombre et de lumière. Je sais qu’elle était belle — d’une beauté sans égale, d’une lumière qui rayonne encore malgré le vide.
Sa présence manque jusqu’au fond des temps. Et je ressens ce manque en moi, profondément, dans ma chair, dans mon souffle, dans mon âme.
Sur une table, une dague. Belle, ancienne, vibrante. Elle semble vivante. Elle m’interroge.
Je sens qu’elle est sacrée. Pas une arme, mais un reliquat d’un serment oublié, un objet de transmission, venu des âges anciens. Elle porte en elle une mémoire silencieuse, comme si mille mains l’avaient portée avant moi, dans des temps que même l’âme a du mal à se rappeler.
La chambre du temps suspendu
Je m’éveille dans une plaine, à la fois familière et inconnue. Un espace vaste, sauvage, où chaque brin d’herbe semble murmurer un secret ancien. Comme si ce lieu flottait entre le rêve et la mémoire d’une autre vie.
Au loin, un bison doré se tient, majestueux, paisible, incarnation silencieuse d’une force profonde. À la lisière de la forêt, une silhouette se dessine. Un homme. Un Indien. Je ressens au plus profond de moi qu’il est un gardien des savoirs anciens, un homme-médecine, ou peut-être un marcheur entre les mondes. Peut-être suis-je lui, dans une autre vie.
J’ai ressenti cette existence comme celle d’un chasseur, d’abord. Un homme lié à la survie, à l’instinct, à la traque. Mais un jour, quelque chose a basculé. J’ai abandonné la chasse. Non par faiblesse, mais parce qu’un appel plus vaste s’est imposé — celui d’écouter, de soigner, de relier. Ce passage a été rude. Long. Un chemin de dépouillement. D’initiation. J’ai traversé l’épreuve du vide, de la solitude, de la remise en question. Jusqu’à ce que naisse en moi autre chose. Une manière de voir au-delà, de sentir l’esprit des bêtes, des plantes, des rêves. De devenir un veilleur des esprits.
Son regard porte la trace d’un chemin intérieur. Il est calme, habité par une sagesse silencieuse. En le voyant, je ressens une histoire qui pourrait être la mienne. Celle d’un chasseur devenu veilleur. Ce n’était peut-être pas le destin qu’il s’était d’abord choisi, mais c’est celui qu’il a embrassé. Et dans cette transformation, quelque chose en moi s’éveille — comme si j’en portais encore les résonances.
Autour de lui, d’autres figures veillent. Des proches, sans doute. Un fils. Un frère. Ils ne parlent pas, mais leur présence m’enveloppe. Je sens dans leurs regards une forme de respect paisible. Comme s’ils avaient compris, eux aussi, le choix profond qui avait été fait, et qu’ils l’honoraient en silence.
